La commune de Salles-Curan est située dans le Lévézou. Elle est aujourd'hui bordée par le lac de Pareloup, aménagé à la fin des années 1940.
Le bourg de Salles-Curan porte encore le témoignage de son origine médiévale. Il n'y a qu'à prendre un peu de hauteur pour retrouver le tracé circulaire de la ville ancienne. À l'origine, c'est le château qui en était le coeur. Propriété des comtes de Rodez jusqu'au XIIIe siècle, il passe ensuite entre les mains des évêques de Rodez. La ville conserve encore deux portes de ville. On peut deviner l'emplacement des autres portes en analysant le parcellaire.
Deux portes / cadastre du XIXe siècle avec l'emplacement des trois portes de la ville
La ville médiévale doit son développement aux évêques de Rodez qui ont racheté la propriété de cette seigneurie vers 1237 aux comtes de Rodez.
À la fin la Guerre de Cent ans, le Rouergue est la proie d'un aventurier-mercenaire espagnol,
Rodrigue de Villandrando. En 1431, il s'installe pour un temps à Salles-Curan, tout en rançonnant pendant plusieurs années les villes de la province, en les menaçant d'une attaque.
La guerre terminée, Salles-Curan connaît son heure de gloire avec l’évêque Guillaume de la Tour d’Oliergues. En 1441, il décide de faire construire un nouveau château, aux portes de la ville, qui deviendra un lieu de villégiature pour les évêques (résidence d’été), puis il fait construire une nouvelle église à l’emplacement de l’ancien château, au cœur de la cité. Enfin, il l’élève au rang de collégiale en y installant un chapitre de chanoines (contrairement aux moines, les chanoines sont des clercs séculiers, c'est-à-dire qu’ils ne vivent pas dans un monastère mais dans une maison canoniale installée en ville et ont des contacts avec le reste de la population. D’ailleurs l’église collégiale reste paroissiale). Ces clercs ont pour mission principale de chanter tous les jours l’office divin (c'est-à-dire les prières quotidiennes réparties en plusieurs moments de la journée) et d’accomplir certaines fonctions liturgiques (comme l’enseignement, le secours aux pauvres et aux malades, l’administration des biens de la paroisse,etc…). Les moines disposaient d’une maison canoniale et de revenus leur permettant de remplir leur mission.
L'ÉGLISE SAINT-GÉRAUD
Construite au milieu du XVe siècle, l'église est de style gothique. Elle comprend une nef, des chapelles latérales et un choeur à pans coupés. On peut admirer dans une des chapelles cette très belle voûte à liernes et tiercerons. Et dans une autre une peinture murale ornée de végétaux et d'animaux fantastiques. Le bestiaire est d'ailleurs très présent dans l'église, sur les murs, les peintures ou le mobilier. Saurez-vous retrouver ces détails dans l'église ?
L'église possède un très riche patrimoine artistique :
- Les vitraux. Les deux chapelles latérales nord conservent deux verrières Renaissance. Elles ont été restaurées à la fin du XIXe siècle par le verrier ruthénois Laurent Lachaize. Les parties anciennes ont été enchâssées dans des vitraux reprenant le style de l'époque. Ainsi, sur la verrière dite de St-Sébastien, les trois personnages centraux sont installés sur des dais architecturaux typiques du XIXe siècle. On en retrouve d'ailleurs sur les autres vitraux XIXe de l'église. Sur la deuxième verrière, les médaillons anciens sont entourés de motifs végétaux et géométriques, eux aussi typiques de cette époque.
On peut reconnaître, parmi les scènes représentées :
* une crucifixion,
* saint Antoine, reconnaissable à son bâton en forme de tau (la lettre grecque),
* le martyr de saint Sébastien, un soldat romain converti au christianisme et condamné à être criblé de flèches par l'empereur,
* sainte Barbe. Barbe est née au IIIe siècle en Turquie. À cette époque, le territoire appartient à l'Empire Romain, païen. Pour avoir refusé d'épouser l'homme choisi par son père et pour avoir choisi de se consacrer au Christ, Barbe est enfermée dans une tour. Mais elle parvient à se faire baptiser par un prêtre entré en cachette dans la tour. En l'apprenant son père met le feu à la tour. Barbe parvient à s'échapper mais elle est rattrapée. Condamnée à différents supplices, elle est décapitée par son père (!) qui est alors foudroyé par la foudre. Elle est généralement représentée sous les traits d'une jeune fille, tenant un livre et une palme (symbole des martyrs). Une tour est également souvent représentée.
* deux scènes de la vie du Christ
* un blason (sans doute celui d'un évêque car on peut reconnaître la mitre et la crosse).
- Les stalles. Le chœur de l'église est séparé du reste de la nef par une grande barrière en bois. Mais pourquoi donc ? Espace le plus sacré de l'église, le chœur est réservé est aux seuls moines. Afin de séparer cet espace sacré de la nef où s'installe le peuple laïc, une balustrade est installée (on l'appelle "clôture de chœur"). Elle peut être en pierre, en fer forgé (grille) ou en bois. Celle de Salles-Curan est en bois, elle sert également de support aux stalles. Il s'agit de sièges réservés aux moines. Ils permettent de s'assoir mais également de se tenir debout en prenant appui sur une "miséricorde" (sorte de console installée sous le siège). Les stalles peuvent être très simples ou être le support d'un décor très important, comme à Salles-Curan qui est, rappelons-le, une possession des évêques de Rodez. Le décor se concentre sur les montants des stalles, sur les miséricordes et sur les baldaquins.
Le dos des stalles ( qui forme la clôture) est également très ouvragé. Parmi le décor, on peut notamment voir des lettres : F et J (pour François d'Estaing, évêque de Rodez au début du XVIe siècle, date de la réalisation de ces stalles ?).
de gauche à droite : détails des stalles - accoudoir sculpté avec une miséricorde à l'arrière-plan ; miséricorde sculptée ; vue générale des stalles
- La Vierge à l'Enfant en albâtre. Datée du XIIIe siècle.
LE CHÂTEAU DES ÉVÊQUES
Construit au XVe siècle pour Guillaume de La Tour, il sert ensuite de résidence d'été aux évêques de Rodez. Remanié au XVIIIe siècle, il est vendu à la Révolution comme bien national. Il passe entre différentes mains, celles de Guillaume Capelle, de Jacques Bellet, de François Teysseyre etc... Au début du XXe siècle, le château est divisé en plusieurs lots : une partie sert d'école privée, une autre d'auberge.
LE GRENIER DE MONSEIGNEUR
Ce bel édifice du XVe siècle, qui fait face à l'église, servait de grenier pour entreposer les céréales reçues en impôt. Cet édifice carré est percé de trois belles fenêtres à croisée dont une dans un angle. Le décor est caractéristique du XVe siècle avec des nervures prismatiques.
Enfin, Salles-Curan est la ville de naissance de l'artiste Eugène Viala (1859-1913).
Vous pouvez admirer quelques unes de ses estampes sur le site de la bibliothèque numérique de l'INHA : ici. Un musée lui est dédié dans le centre de Salles-Curan.
Et pour préparer votre visite de Salles-Curan, voici deux petites fiches de jeux sur l'église. Cliquez sur les images pour télécharger les fichiers.
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