Il existe de nombreux "Ponts du Diable" en France. Ils auraient été construits suite à un contrat passé avec le Diable (ou parfois d'étranges créatures)... A chaque fois, c'est le lieu et la rapidité de leur construction qui leur faut leur surnom. Dans toutes ces légendes, l'Homme réussit à chaque fois à contourner le Diable. Voici la version de Comps-la-Grand-Ville dans l'Aveyron (réécrite pour cet article)...
Un architecte se serait engagé à construire un pont au-dessus d'une rivière appelé "Le Viaur", en moins de six mois. Pressé de terminer l'ouvrage (peut-être aussi pressé de toucher son argent), il hâta la construction et le pont fut construit en seulement trois mois !
On se pressa le jour de l'inauguration. Tous les habitants de Comps et des hameaux alentours étaient là. Tous voulaient voir ce pont construit en un temps record et l'architecture qui en était l'auteur !
Fier de lui, notre architecte s'avança pour traverser le premier. Mais à peine eut-il posé un pied sur le pont qu'il s'effondra !
Sous les rires et les quolibets, le pauvre homme s'engagea à reconstruire le pont en trois mois afin de respecter son premier contrat.
Les ouvriers se remirent aussitôt au travail et trois mois plus tard, la veille de la date prévue, un nouveau pont s'éleva au-dessus du Viaur. Mais le pont ne dura pas plus longtemps que le premier. A peine eut-on posé un pied que le pont s'écroula à nouveau !
Cette fois, l'architecte était désespéré ! Il passa la nuit seul près des ruines de son pont. Ne pouvant honoré sa promesse avant le lendemain matin, il était ruiné !
C'est alors que le Diable apparut. Il lui promit de construire en une seule nuit un pont si solide qu'il serait debout pendant des générations d'hommes et de femmes. Il ne lui demandait en échange qu'une seule petite chose : l'âme de la premières créature vivante qui traverserait le pont !
L'architecte n'avait malheureusement pas le choix : il accepta l'offre du Diable.
Celui-ci tint parole et au lever du jour le pont était construit. L'architecte fit alors venir l'abbé de Bonnecombe (l'abbaye qui se trouvait juste à côté du pont) ainsi qu'un autre moine. Le premier tenait un vase rempli d'eau bénite pour baptiser le pont, le second un gros chien en laisse. Tous les trois s'avancèrent vers le pont. L'architecte sortit alors de son sac un petit chat et le posa à l'entrée du pont. Effrayé, ne comprenant pas ce que l'on attendait de lui, l'animal ne bougeait pas. Alors le moine lâcha son chien qui, excité par la présence du chat, se rua vers lui. Le chaton s'enfuit et les deux animaux traversèrent l'un après l'autre le pont. Le Diable, prisonnier de sa promesse, dut se contenter de l'âme du félin.
Le Pont du Diable permet de franchir le Viaur, à proximité de l'abbaye de Bonnecombe. Un pont est mentionné dans les textes au début du XVIe siècle mais il existait sans doute un passage plus ancien, peut-être dès le XIIe siècle lors de la fondation de l'abbaye.
ci-dessus : le pont du Diable (wikicommons)
ci-contre, l'entrée de l'abbaye de Bonnecombe
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